La prieredun Dac - Mihai Eminescu

La prière d’un Dac

Du temps ou il n’y avait ni mort, ni immortalité,
Ni le noyau de feu, créateur de clarté,
Il n’y avait pas demain, toujours, aujourd’hui,
Unique était l’ensamble, et tout était uni;
Du temps ou tout le monde, la terre et le ciel,
Etait genre de choses sans existence réelle,
Alors Tu était seul; et je me demande tout doux
Qui donc est ce Dieu à qui nous devons tout?

Lui seul était Dieu avant l’avance des dieux,
Et dans l’ammas informe planta la force du feu;
Il donna âme aux choses, et aux âmes l’action,
Lui pour vous, les hommes, offrit rédemption...
Levez vous, haut les coeurs, chantez Le d’un seul cri,
Il est la mort de la mort et le réveil de la vie!
Lui, me donna les yeux pour voire cette clarté
Et au fond de mon âme planta la pitié;
Dans le bruit du tonnerre je ressentis son pas,
Dans la musique des sphères j’ai entendu sa voix:
Et pourtant véhément je demande de nouveau
Qu’Il permette ma rentrée dans l’éternel repos.
Qu’il maudit n’importe qui aurait pitié de moi,
Qu’il bénisse seulement qui me met hors la loi,
Qu’il écoute toute voix qui voudrait me blâmer,
Qu’il donne pouvoir à ceux qui voudraient me tuer;
Et celui des humains qu’ici bas soit loué
Qui volerait la pierre posée sous mon chevet.

Chassé par tout le monde, que je passe mes années,
Jusque la larme des yeux sera épuisée;
Sentant que dans chaque homme un ennemi va naître
Que je parviens moi même à ne me plus connaître;
Que les tourments terribles mes sentiments séchèrent
Que j’arrive à haïr ma bonne propre mère...
Lorsque la haine profonde me semblera désir,
J’oublierai ma douleur et je pourrai mourir.

Ceux-là qui dans ce monde de ma présence se navrent
Au milieu de la rue qu’ils jettent mon cadavre,
Et à ceux-là, mon Père, offre coupe de bonheur
Qui vont jeter les chiens pour arracher mon coeur!
Quant à ceux qui des pierres vont me jeter au visage,
Ait pitié mon Dieu et donne leurs un long âge.
Ainsi seulemet Père pourrais-je Te remercier
De m’avoir donné chance dans ce monde d’exister.
En offrant moi tes dons mon cran tu vas pas vaincre,
Par la haine et blasphèmes je voudrais te convaincre:
Sentir que à Ton soufle ma respiration se casse,
Et dans l’éternelle nuit je disparais sans trace.

Added by: Vasile Cornel

Translator: Dan Psatta
Language: French


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